Comment consommer les plantes médicinales ? Les formes galéniques
Grâce à mon blog et à vos lectures, vous savez maintenant qu’il existe de nombreuses plantes aux propriétés médicinales, y compris dans votre jardin ou au coin de la rue.
Une fois que vous avez identifié cette plante sans aucun doute, vous allez pouvoir la préparer pour profiter de ses bienfaits thérapeutiques. Mais voilà, sous quelle forme la prendre ? Quelle est la méthode qui donnera le meilleur de la plante et permettra de faire ressortir au maximum les propriétés thérapeutiques qui vous intéressent ?
C’est le sujet central des études d’herboristerie, mais la question est également pertinente pour les pharmaciens et toutes les personnes amenées à manipuler et à conseiller l’usage de plantes pour leurs bienfaits (naturopathes, médecins traditionnels en ayurvéda ou en médecine traditionnelle chinoise).
Je vous propose ce sujet sur deux articles. Le premier présentera les principales formes galéniques sous lesquelles vous pouvez consommer des plantes médicinales, tandis que le deuxième entrera plus en profondeur dans la chimie des plantes et vous permettra de choisir par vous-mêmes les solvants et procédés à utiliser en fonction des plantes choisies afin d’en conserver au maximum les propriétés.
J’ai écrit ces articles car bien qu’on trouve de nombreux articles scientifiques en ligne, très peu expliquent les choses simplement, en vue d’une application chez soi, pour la santé individuelle.
La forme galénique, c’est quoi ?
Peut-être avez-vous déjà croisé cette expression : forme galénique. Il s’agit de la forme que prend un remède contenant des plantes – mais pas seulement. Les médecins et pharmaciens parlent également de formes galéniques pour des médicaments de synthèse.
Ce terme, dérivé du nom du médecin de l’Antiquité grecque Galien, désigne la manière dont on va absorber des principes actifs, qu’ils soit extraits naturellement des plantes ou fabriqués de manière synthétique en laboratoire.
Dans cet article, je me contente de vous parler des formes galéniques des plantes, et encore, seulement de celles que l’on peut reproduire chez soi. Il existe plusieurs techniques industrielles et généralement complexes, comme le CO2 supercritique ou le cryo-broyage, qu’il est impossible de reproduire à la maison.
Quel est l’intérêt de connaître les formes galéniques ?
Je vous vois venir : mais pourquoi tu nous embêtes avec tous ces termes compliqués ? On se fait une bonne tisane, ou un macérât huileux de nos plantes préférées et puis voilà. En réalité ce n’est pas si simple et on le verra.
Vous avez alors 2 options :
- faire comme les Anciens, en respectant la tradition, mais cela veut alors dire connaître pour chaque plante quel est son mode d’extraction et sa forme galénique traditionnellement utilisée ;
- ou comprendre dans quel il faut choisir quelle forme galénique, et à ce moment là, à vous l’autonomie et la capacité à faire vos propres expériences et développer vos propres recettes de santé naturelle.
Je vous propose la deuxième option ici, et vous invite à consulter des ouvrages de référence si vous optez pour la première, notamment le très bon Grand manuel pour fabriquer ses remèdes naturels de Christophe Bernard, ou encore 250 remèdes naturels à faire soi-même de Claudine Luu.
Les formes galéniques principales
Nous voici arrivés au coeur de l’ouvrage. Je vous les présente en ordre alphabétique pour un usage plus pratique de l’article :
- alcoolature
- bain médicinal
- baume et onguent
- cataplasme
- crème
- décoction
- élixir ou liqueur
- fumigation
- hydrolat
- huile essentielle
- infusion
- jus frais et suc de plante
- macération aqueuse à froid
- macération glycérinée
- macération huileuse
- pastilles
- percolation
- poudre de plantes et gélule
- sirop
- teinture
- tonique ou vin médicinal
- vinaigre
Vous pouvez également imprimer le poster des principales formes galéniques que j’ai créé pour vous ci-dessous et que vous pouvez afficher dans votre cuisiner ou votre atelier pour faciliter vos transformations de plantes à l’avenir.
Alcoolature
Définition : L’alcoolature est une teinture à base de plantes fraîches et propres, quelle que soit la partie de la plante utilisée. Comme la plante fraîche contient beaucoup d’eau (60-80%), on va utiliser un alcool fortement titré, à minimum 80° mais optez pour 94° ou 96° si vous pouvez, pour extraire tout le liquide de la plante avec ses principes actifs.
Technique : L’alcoolature se prépare avec une plante finement découpée pour mieux faire pénétrer l’alcool que l’on recouvre d’alcool. On ferme le flacon qu’on laisse de côté dans l’obscurité pendant 2-3 semaines. Ensuite on filtre et on met l’alcoolature dans un flacon opaque ou en verre teinté.
Une technique plus précise consiste à mettre 2 fois plus d’alcool que de plante en poids, soit 10g de plante pour 20ml d’alcool.
Usages : L’alcoolature s’utilise quand la plante résiste mal au séchage, ou lorsque par expérience la plante est plus active sous cette forme. C’est le cas par exemple du tulsi ou basilic sacré, de l’échinacée, de la mélisse, du millepertuis ou encore de la valériane.
Conservation : plusieurs années
Posologie : On ne dépassera pas 10ml par jour pour une cure d’environ 3 semaines.
Bain médicinal
Définition : Un bain médicinal est un bain dans lequel on va faire infuser des plantes médicinales, parfois aussi des sels infusés. Rendu populaire par Maurice Messegué.
Technique : Vous pouvez utiliser un pochon ou une mousseline dans laquelle mettre des plantes. Vous pouvez également préparer des sels imbibés d’huiles essentielles avec des pétales de fleurs que vous verserez dans le bain lorsqu’il est très chaud.
Usages : Pour détendre les muscles après un exercice physique, détendre l’esprit si anxiété ou stress, pour les problèmes articulaires ou de peau.
Conservation : immédiat pour le pochon, quelques mois pour les sels parfumés.
Posologie : Entre 50 et 100g de plantes selon qu’elles soient sèches ou fraîches, à mettre directement ou à préparer au préalable 1L de tisane que vous verserez ensuite dans votre bain.
Baume & onguent
Définition : Un baume ou onguent est un mélange entre une huile ou un macérât huileux de plante et de la cire d’abeille. C’est une préparation pratique car elle est facile à appliquer et tient mieux que de la cire ou de l’huile seule.
Technique : Au bain-marie, on ajoute 12g de cire pour 100ml de macérât huileux, et pour la même quantité 4-6 gouttes d’huiles essentielles et 8 gouttes de vitamine E une fois le mélange transvasé dans son pot définitif.
Usages :
Pour soulager des problèmes musculaires, articulaires ou cutanés. Pour les bleus et les fractures. Le calendula, l’hélichryse italienne ou encore la lavande officinale en macérât huileux se prêtent bien à la transformation en baume.
Conservation : 2-3 ans si vitamine E et huile essentielle dedans et conservé au sec et à l’abri de la lumière.
Posologie : on étale à la main le baume ou onguent sur la zone à traiter 3-4 fois par jour jusqu’à guérison.
Cataplasme
Définition : C’est une préparation médicinale de plantes fraîches broyées ou bouillies, parfois additionnée d’argile pour former une pâte épaisse à poser sur une zone à traiter.
Technique : Le cataplasme se pose entre 2 gazes avec une bande de crêpe ou parfois un film plastique (en cas d’argile pour éviter qu’elle ne déssèche) pour tenir le tout.
Usages : Pour soulager des problèmes articulaires, musculaires ou cutanés. Pour faire mûrir un furoncle. Les feuilles de chou, de consoude, de prêle ou encore de frêne se prêtent bien à un cataplasme de par leurs propriétés.
Conservation : usage immédiat.
Posologie : Selon la zone à traiter et les symptômes on utilisera une plante fraîche ou sèche ou encore de l’argile verte additionnée d’une infusion ou d’un hydrolat.
Crème
Définition : Une crème est une émulsion d’un corps aqueux (eau, hydrolat) avec un corps huileux (huile, beurre, macérât) stabilisée par de la cire d’abeille ou un émulsifiant, auxquels on ajoute en général un conservateur.
Technique : Pour 100ml d’huile on utilisera entre 110-130ml d’hydrolat (ou de gel d’aloe vera) et 8g de cire d’abeille. Faites fondre la cire dans l’huile au bain-marie puis ajoutez dans le blender à ce mélange votre hydrolat ou phase aqueuse petit à petit à vitesse basse. L’émulsion se fait assez rapidement.
Sortez le mélange du blender pour le mettre dans de petits pots et assurez-vous qu’il ne reste plus de liquide dans le mélange. Ajoutez les huiles essentielles (5 gouttes en moyenne) et le conservateur (vitamine E ou extraits de pépins de pamplemousse par exemple, 7-8 gouttes).
Usages : La crème se prête bien aux soins du visage ou des parties du corps où la peau est fragile.
Conservation : 3-6 mois avec des conservateurs naturels.
Posologie : A appliquer sur la zone à traiter 2-3 fois par jour.
Décoction
Définition : Pour les parties de plante charnues ou dures comme les racines, les graines ou l’écorce, on utilise la décoction, qui permet de faire d’abord macérer à froid dans l’eau la plante avant que le mélange ne soit porté à ébullition plusieurs minutes.
Technique : Environ 30g/l d’eau de plante sèche (ou le double pour une plante fraîche), on laisse reposer 15min puis on porte à ébullition et on laisse frémir pendant 5-10min. Hors du feu on laisse refroidir 15min, puis on filtre et on boit de préférence chaud.
Usages : On extrait mieux les principes actifs des racines, écorces, branches et feuilles plus dures (comme celles du chêne) par décoction qu’infusion. Example : hamamélis, sapinaire, prêle, bardane, consoude, saule…
Conservation : pour usage immédiat et max 24h.
Posologie : 3 tasses par jour max.
Elixir ou liqueur
Définition : Un élixir est un mélange d’eau-de-vie, de sucre ou de miel et de plantes, dans lequel on incorpore parfois des fruits et des épices. La liqueur contient ces ingrédients et souvent en plus du vin.
Technique : L’élixir se prépare en faisant macérer la ou les plantes médicinales recherchées dans de l’alcool à 40-50° (vodka, rhum ou alcool de fruit). La plante doit être finement découpée et on va remplir un bocal avec puis recouvrir d’alcool jusqu’au bord. Laissez macérer deux semaines dans l’obscurité en remuant tous les jours.
Passez et filtrez puis ajoutez du sucre ou de préférence du miel selon le goût final à obtenir, mais en général entre 100-200g de sucre ou de miel suffisent.
Usages : Il se prend en général après le repas et fera donc la part belle à des plantes digestives (famille des apiacées par exemple, anis, cumin, fenouil, etc.). Il faudrait en consommer beaucoup et régulièrement pour avoir d’autres effets thérapeutiques, ce qui n’est pas très raisonnable pour le foie.
Conservation : 1 an ou plus dans un endroit frais et à l’abri de la lumière.
Posologie : 1 verre à digestif après le repas.
Fumigation
Définition : La fumigation consiste à brûler des herbes séchées auparavant dans un intérieur, en général pour l’assainir.
Technique : On peut fabriquer un bâton de fumigation comme expliqué dans mon article ici, puis quand il est bien sec l’allumer et se promener dans la pièce ou les pièces que l’on désire purifier, après avoir ouvert au moins une fenêtre.
Usages : Pour purifier un intérieur, aussi bien au niveau de la pollution atmosphérique que des ondes énergétiques. Des chercheurs ont découvert que la fumée de certaines plantes captait une charge électrique de la molécule d’air, l’ion positif, et l’emportait. Cet ion sert principalement de véhicule à la pollution.
Conservation : 1 an pour les bâtons de fumigation si gardés bien au sec.
Hydrolat
Définition : L’hydrolat est le reste liquide de la distillation de plantes, après avoir prélevé l’huile essentielle. Parfois on distille uniquement pour obtenir de l’hydrolat.
Technique : Il est possible de fabriquer son propre hydrolat avec une installation maison à partir d’une cocotte minute, mais de manière générale on utilise pour obtenir de l’hydrolat un alambic.
Usages : L’hydrolat contient les molécules hydrophiles qui ne sont pas passées dans l’huile essentielle, cela en fait un produit très doux pour soulager des maux chroniques notamment. Adaptés aux femmes enceintes, allaitantes et aux bébés. On l’utilise aussi beaucoup en cosmétique sur la peau pour ses vertus toniques ou apaisantes.
Conservation : Une fois ouvert se conserve 1-2 mois au frigo.
Posologie : A appliquer avec une compresse sur la peau, à vaporiser ou à utiliser par voie interne 1-2 cuillère d’hydrolat à la fois.
Huile essentielle
Définition : L’huile essentielle est le résultat de la distillation de l’essence des plantes aromatiques grâce à la vapeur d’eau. L’huile essentielle s’appelle huile et se mélange à l’huile mais elle n’a pas une consistance huileuse.
Technique : Fabriquer son huile essentielle nécessite d’avoir un alambic. Ce n’est pas un processus compliqué avec un alambic portatif, mais cela demande de respecter des règles propres à chaque plante. C’est un art.
Usages : L’huile essentielle étant en moyenne 100 fois plus concentrée que la plante, et 10 fois plus qu’une teinture mère, elle est à utiliser avec de grandes précautions, en connaissant bien la posologie de chacune et ses contre-indications. Elle se prête particulièrement bien pour toutes les maladies aigües, quand il faut frapper vite et fort pour enrayer l’infection.
Conservation : entre 1 et 10 ans si à l’abri de la lumière et de l’humidité, bien que les fabricants mentionnent en général 3 ans.
Posologie : Varie en fonction de la plante. Suivez les conseils d’un thérapeute avant toute auto-médication.
Infusion
Définition : L’infusion, ou tisane, est une macération de plantes dans de l’eau très chaude, en général frémissante. Certaines plantes contenant des molécules thermolabiles (qui disparaissent au-delà d’une certaine température), il faudra parfois baisser la température de l’eau pour ne pas perdre les propriétés spécifiques de la plante (ex la vitamine C se perd au delà de 60° C).
Technique : On fait bouillir l’eau puis on la verse frémissante (entre 80-90°) sur les plantes fraiches ou sèches. En général 3g de plante sèche ou 6g de plante fraîche par tasse de tisane. On laisse macérer 3-10 minutes selon les plantes – les fleurs sont plus fragiles et l’infusion sera donc plus courte que pour les feuilles par exemple. On peut consommer l’infusion chaude ou attendre qu’elle refroidisse.
Usages : L’infusion est parfaite pour soulager des problèmes digestifs ou articulaires, pour apaiser l’esprit, ou pour favoriser l’élimination des toxines par le corps. Les herbes aromatiques du jardin de la famille des lamiacées (lavande, menthe, origan, thym, romarin, sauge…) se prêtent particulièrement bien à l’infusion.
Conservation : à boire de suite ou au plus tard 24h après infusion si mise au frigo.
Posologie : 2-3 tasses par jour pendant plusieurs jours ou semaines selon la gravité des symptômes ou le nettoyage du corps attendu.
Jus frais ou suc
Définition : Le suc est l’extraction par pression du liquide contenu dans les plantes, tandis que le jus est le même procédé mais appliqué aux fruits ou légumes en général.
Technique : On utilise une centrifugeuse, ou encore mieux, un extracteur pour obtenir le suc ou jus des plantes. On peut boire le suc pur ou dilué dans du jus ou de l’eau.
Usages : Le suc consommé frais est intéressant pour la santé car les principes actifs ne sont nullement affectés et toutes les vitamines et les sels minéraux sont conservés tels que dans la plante. Cela en fait un remède très intéressant en cas de maladie chronique car sans effets secondaires et aussi en cas de maladie aiguë quand le corps a un grand besoin de vitalité et de tonus. Quelques plantes dont le suc est intéressant : ortie, artichaut, plantain, gingko…
Conservation : Se boit frais et pour les jus (qui contiennent plus de sucres naturels) 24-48h au frigo dans un flacon hermétique maximum.
Posologie : 1 cuillère à soupe à jeun diluée dans de l’eau suffit en général pour déjà ressentir les effets du suc de plantes. On se dirigera vers une cure de 2-3 semaines 1 cuillère par jour au lever lorsque le problème à traiter est bien installé.
Macération aqueuse à froid
Définition : La macération aqueuse à froid consister à faire tremper des plantes dans de l’eau froide ou tiède pendant plusieurs minutes ou plusieurs heures.
Technique : Technique vraiment très simple. La quantité de plantes à macérer dépend plus de l’usage que vous allez faire du liquide. Si vous consommez l’eau après dans un verre, n’en mettez pas trop !
Usages : Cette technique est très utilisée pour les plantes à mucilage comme le plantain, le psyllium, les graines de lin, la guimauve… Ou pour les fleurs qui ne supportent pas la chaleur comme le millepertuis par exemple.
Conservation : pour un usage immédiat, se conserve 24h au frigo.
Posologie : en fonction des besoins, en général 1-3 verres par jour.
Macération glycérinée
Définition : Le macérât glycériné consiste à faire tremper des plantes de préférence fraîches dans de la glycérine végétale, aussi appelée glycérol. La glycérine n’est pas un bon solvant mais elle a l’avantage d’avoir un fort pouvoir déshydratant, elle va donc attirer à elle l’eau des plantes avec leurs principes actifs. On utilise souvent une combinaison de solvants lorsqu’on travaille avec la glycérine pour compenser cela.
Technique : Pour chaque 100g de plante fraîche ajoutez 200ml de glycérine végétale. Broyez la plante au blender puis ajoutez la glycérine et remuez bien pour homogénéiser le mélange. Filtrez votre mélange à travers une étamine ou un tissu fin et récupérez autant de glycérine que possible. Transvasez dans un bocal en verre teinté.
La glycérine est utile dans les teintures à l’alcool pour éviter la formation de sels par l’association entre des tannins et des alcaloïdes. C’est le cas par exemple quand on prépare des écorces de cannelle, de cerisier ou des racines de rhubarbe.
Usages : Honnêtement si on a accès à de l’alcool à 90° ou plus, je ne vois pas bien l’intérêt aujourd’hui de faire un macérât glycériné simple. Mieux vaut l’ajouter dans un mélange eau-alcool comme pour les macérâts de bourgeons que de le faire seul.
Conservation : se conserve en général un an bien à l’abri de la lumière et de l’humidité.
Posologie : 1 cuillère à café diluée dans de l’eau
Macération huileuse
Définition : Le macérât huileux consiste à faire tremper des plantes fraîches ou sèches dans une ou plusieurs huile végétales. C’est aussi la base de certains onguents et baumes.
Technique : Si la plante est sèche on va la couper finement et l’immerger dans de l’huile végétale dans un bocal hermétique. On laisse reposer 4-6 semaines sans que la température ne dépasse jamais 40°, puis on filtre et on met en bouteille.
Pour la plante fraîche on doit s’assurer qu’il n’y aura pas de moisissure, donc en général on va attendre 24-48h que la plante ait un peu perdu de son eau (mais elle doit toujours sentir et être un peu fraîche). Ensuite on procède comme pour le macérât huileux de plante sèche. On peut accélérer la macération en faisant chauffer la préparation au bain-marie en évitant de dépasser 40° pour conserver au macérât toutes les propriétés de la plante.
Une technique encore plus efficace mais plus compliqué consiste à d’abord extraire les principes actifs par l’alcool puis ensuite à ajouter l’huile. C’est ce qu’on appelle la macération par intermédiation alcoolique.
Usages : L’huile va attirer à elle les composants non polaires de la plante, contrairement aux autres solvants que sont l’alcool, l’eau et le vinaigre qui attirent les composants polaires. L’huile est donc particulièrement intéressante pour les résines (calendula, aiguilles de pin, bourgeons de peuplier) et pour les plantes contenant des essences aromatiques (thym, romarin, menthe, camomille, hysope…).
Conservation : la conservation dépend de l’huile utilisée et de sa stabilité. Macadamia et jojoba ne rancissent quasiment jamais, tandis que lin, pépins de raisin, de framboise ou chanvre sont des huiles qui rancissent très vite et que l’on garde généralement au frigo. Dans tous les cas, votre macérât se conservera plus longtemps s’il est dans un flacon teinté ou opaque et à l’abri de la lumière et de l’humidité.
Posologie : A appliquer sur la zone à traiter par voie externe ou à incorporer à un baume, onguent ou une crème.
Pastilles
Définition : Comme les gélules, les pastilles sont un moyen de prendre une plante broyée et séchée quand celle-ci a mauvais goût car on y ajoute du miel pour former une pastille.
Technique : Les pastilles ne doivent pas devenir dures comme un bonbon mais se désagréger sous la langue. Pour cela, vous allez utiliser de la poudre de plante, du miel liquide et un excipient comme la poudre de guimauve ou de réglisse par exemple.
Commencez par vos poudres et incorporez au fur et à mesure le miel pour obtenir une consistance qui vous permet de former des pastilles. Vous aurez en général un peu plus de miel que de poudre (entre 50-70%), c’est utile à savoir pour faire vos calculs de quantité de poudre nécessaire à votre soin.
Usages : Les pastilles sont utiles en cas de maux de gorge mais aussi pour avaler des poudres de plantes préconisées dans certains traitements comme ceux de la médecine chinoise par exemple.
Conservation : Plusieurs semaines si les pastilles sont gardées dans une boîte étanche au frigo.
Posologie : En fonction de la prise quotidienne de plante recommandé vous allez consommer un certain nombre de pastilles.
Percolation
Définition : La percolation, ou lixiviation, est utilisée pour les poudres de plantes comme pour le café. Il s’agit de faire passer un ou plusieurs solvants par une poudre et de récolter en-dessous de celle-ci le produit final, en général une teinture.
Technique : Il n’existe pas de méthode au visu pour une percolation, c’est une technique plus complexe en terme de calculs que d’autres méthodes. C’est pourquoi je vous invite à aller consulter le site Althéa Provence pour apprendre exactement comment faire une teinture par percolation.
Usages : L’avantage de la percolation est double : prête en 24h contre 2 semaines pour une teinture ou une alcoolature, et le solvant qui passe est toujours neuf et n’est donc jamais saturé par certains principes actifs de la plante au détriment d’autre, ce qui rend le produit final plus complet et concentré.
Conservation : tout dépend du produit final que vous créez, si c’est une teinture ou alcoolature vous allez pouvoir la garder des années bien au frais et dans le noir.
Posologie : tout dépend là encore de votre préparation. Je vous parle ici d’une technique particulière plutôt que d’un produit final.
Poudre de plantes ou gélules
Définition : La poudre de plantes, prise soit en la mélangeant à des aliments ou boissons, soit sous forme de gélules, est une forme intéressante lorsque la plante a mauvais goût, que vous êtes en déplacement ou que la plante supporte mal la chaleur.
Technique : On pulvérise la plante préalablement séchée à l’aide d’un moulin électrique ou manuel. On pulvérise juste avant utilisation ou avant la création des gélules sinon on risque l’oxydation des plantes. Il existe 3 tailles principales de gélules, 00, 0 et 1 : veillez donc bien à choisir le gélulier adapté à la taille qui vous convient le mieux.
Usages : La pulvérisation est intéressante pour les plantes non-aromatiques car les plantes aromatiques perdent en partie leur essence via la pulvérisation.
Conservation : La poudre et les gélules se conservent à l’abri de l’humidité et de la lumière quelques semaines.
Posologie : Le dosage dépend de la quantité recommandée journalière selon la plante ou les plantes utilisées. Les posologies varient en général de 3 à 9 gélules par jour, ou 1-3 cuillères à soupe par jour.
Sirop
Définition : le sirop est une infusion ou décoction qu’on aura cuite dans du sucre. Le sucre masque le goût parfois trop amer ou désagréable et permet de conserver plus longtemps l’infusion ou la décoction, ce qui avant les frigos était une préoccupation majeure.
Technique : Commmencez par de petites quantités (200ml de sirop par eg). Personnellement je fais des sirops au sucre brun, mais on peut aussi utiliser du miel. Comme je les garde au frigo je mets 100ml de liquide de départ pour 50g de sucre (le miel sucre moins il faudra en mettre le double). Doublez les quantités si vous les conservez dans un placard.
L’idée est de faire réduire de moitié l’infusion ou décoction de départ. Faites d’abord fondre le sucre ou le miel en chauffant le liquide préparé à l’avance, puis faites réduire le tout de sorte à arriver à la moitié du poids d’origine. Vous pouvez ajouter une cuillère à café d’acide citrique pour une meilleure conservation.
Usages : les sirops sont particulièrement utiles pendant l’hiver où les plantes à utiliser ne sont plus disponibles fraîches. Ils sont aussi intéressants lorsque la plante à utiliser est trop amère, comme pour le pissenlit par eg ou la gentiane.
Conservation : De 1-3 mois selon la quantité de sucre et d’acide citrique. Vous pouvez augmenter la durée de conservation en ajoutant une cuillère de rhum ou de teinture médicinale à vos sirops.
Posologie : 1-2 cuillères à soupe de sirop 3 fois par jour en général, optez pour des cuillères à café pour les enfants.
Teinture
Définition : La teinture est le résultat de la macération de plantes sèches dans de l’alcool de fruit, en général à 40-45°. C’est une technique très utilisée car elle permet de préparer un remède naturel à tout moment de l’année, en fonction des besoins, et avec de l’alcool que l’on trouve facilement dans le commerce.
Technique : Il existe 3 méthodes : au visu, en pesant et par percolation. Je vous présente ici les deux premières car nous avons vu la percolation plus haut.
La méthode au visu consiste à prendre la plante séchée le plus finement coupé ou pulvérisé et de couvrir cette plante d’alcool. Fermez le bocal et secouez. Au bout de 24h il faudra remettre un peu d’alcool car la plante l’aura “bu”. Secouez tous les jours pendant 2 semaines puis pressez et filtrez. Mettez en bouteille.
Usages : Quelques plantes qui perdent leurs qualités une fois sèches, seront mieux préparées sous forme d’alcoolatures. Toutes les autres se prêtent donc mieux à la teinture comme vu ci-dessus.
Conservation : Des années si conservé au frais et l’abri de la lumière.
Posologie : Très variable selon les plantes et les pathologies. On évitera de dépasser 10ml de teinture par jour.
Tonique ou vin médicinal
Définition : C’est une macération de plantes fraîches ou sèches dans du vin qui permet d’extraire les principes actifs insolubles dans l’eau et de les conserver naturellement grâce à l’alcool et au sucre du vin.
Technique : On conseille en général d’ajouter 30-40g de plantes sèches pour 75ml de vin. On ajoute 8cl de vodka ou de rhum pour une meilleure conservation. Mélangez le tout dans un bocal en vous assurant que la plante n’est pas en contact avec l’air et laissez macérer 1-4 semaines en fonction de la puissance de la plante.
Rajoutez une quantité de sucre ou de miel selon votre goût (optionnel). Filtrez puis transvasez dans une bouteille que vous conserverez au frais et à l’abri de la lumière.
Usages : Le vin médicinal se prend en général comme un apéritif avant les repas. Comme pour l’élixir, le vin médicinal n’est pas très puissant et il faudrait en consommer de manière irraisonnable pour vraiment voir les effets thérapeutiques.
Les plantes qui se prêtent bien à un usage apéritif sont l’absinthe, l’angélique, la camomille romaine, la gentiane, le pissenlit. Les plantes amères sont presque toujours apéritives.
Conservation : Comme un vin, plusieurs années, et conservé au frigo une fois ouvert quelques jours.
Posologie : Un verre à apéritif avant le repas.
Vinaigre médicinal
Définition : Le vinaigre médicinal est une macération de plantes généralement sèches dans du vinaigre de cidre.
Technique : Coupez la plante le plus finement possible et recouvrez-là de vinaigre en vous assurant que la plante n’est pas en contact avec l’air, puis fermez le récipient de manière étanche. Laissez reposer 2 semaines en secouant le bocal tous les jours. Pressez et filtrez, puis transvasez dans une bouteille en verre.
Pour les écorces et racines on peut au préalable faire chauffer le vinaigre pour permettre de coaguler l’albumine (la protéine de la plante) qui sinon peut faire tourner votre vinaigre.
Usages : Deux types de plantes se prêtent à la macération dans le vinaigre : les plantes riches en minéraux et les plantes riches en alcaloïdes. Dans le premier cas on peut citer l’ortie, le framboisier, la prêle, la stellaire ou le trèfle rouge. Dans le deuxième cas, la chélidoine, l’épine-vinette, le fumeterre ou encore le pavot de Californie.
Les plantes aromatiques macérées dans du vinaigre donnent certes du goût mais au niveau thérapeutique ce n’est pas extra.
Conservation : Des années si la bouteille est bien étanche.
Posologie : Selon les besoins, 1-2 cuillère à soupe dans un grand verre d’eau à jeun le matin, ou en compresse sur la peau ou en lotion capillaire.
Voilà ! Ce n’est pas un article qui se lit facilement mais c’est un article référence auquel vous pouvez revenir autant de fois que vous le voulez dès que vous avez un doute sur la méthode à utiliser pour extraire les principes actifs des plantes médicinales.
Dans mon prochain article on parlera des solvants plus en détail et je vous prépare un poster avec les solvants les plus intéressants pour les plantes médicinales les plus courantes.
Sources
- Grand manuel des remèdes naturels, Christophe Bernard
- 250 remèdes à faire soi-même, Claudine Luu
- Le jardin des merveilles, Isabelle Cornette
- Se soigner par les bourgeons, Dr Barbara Bichsel et Dr Julia Brönniman.